Olivier NOËL, fondateur de Masuccession.fr
On parle beaucoup fiscalité, mais personne ne parle du risque lié aux frais de succession qui est colossal. En 2 mots, les frais de succession s’élevaient à 12,5 milliards, soit 2,5 fois et demie plus que l’ISF. Je m’étonne d’ailleurs que personne n’en parle. L’ISF est beaucoup plus médiatisé. C’est 12,5 milliards à la charge de conjoints et d’enfants qui ont perdu un proche dans leur famille. C’est terrible, car des enfants doivent faire un chèque au notaire, car leur père est décédé. Et je suis étonné que personne ne prenne pas plus conscience de ce problème, qui concerne 650 000 familles par an. Et ça augmente à la vitesse de la démographie. C’était 10 milliards l’an dernier, c’est 12,5 milliards cette année et sûrement 18 l’an prochain. Pourquoi cette carence d’information sur le marché ? On s’aperçoit que personne n’a fait son job d’information sur plusieurs générations. Je pense aux banquiers, aux CGP, aux notaires, aux juristes, aux fiscalistes. Personne n’a fait son devoir d’information. Avec la démographie, ça prend des dimensions ubuesques. J’ai failli moi-même laisser une dette à mes enfants, à un moment où j’ai eu un coup dur dans la vie. Et je me suis juré de prévenir tous les autres du risque lié aux frais de succession.
J’ai digitalisé l’ensemble. J’ai inséré toute la fiscalité sur des serveurs. N’importe qui peut, en quelques minutes, déposer ses données patrimoniales et connaître le montant de ses frais de succession. Il est important de le connaître tant qu’on est en vie, car on peut le compresser de 74%. 99% des français ne connaissent pas aujourd’hui le montant de ce risque et laissent une dette à leur descendance. Ainsi, les gens peuvent connaître le montant des frais de succession et peuvent être accompagnés, sur internet pour le réduire. On est tous dans l’optimisation fiscale. Personne ne s’était attaqué aux frais de succession, c’est ce que j’ai fait. J’intéresse forcément l’industrie financière, car ça permet de collecter des datas, de donner des solutions parfaitement adaptées aux situations économiques des clients. Crédit Mutuel Archea est rentré dans ma société. Aujourd’hui, on veille sur 750 000 000 euros de frais de succession pour un peu plus de 10 000 familles.
Mais se pose la question du comblement du manque de ressources pour l’État ?
C’est tout à fait exact. L’État devra combler ce manque de ressources. Mais c’est purement de l’optimisation fiscale. D’ailleurs les français font l’exercice, sauf sur les frais de succession pour le moment. J’essaie donc de changer la culture sur cette matière.
Quels sont les moyens pour faire baisser les frais de succession ?
Ah, c’est tout mon secret. En fait, on utilise des techniques d’ingénierie patrimoniale. On joue notamment beaucoup sur le démembrement des patrimoines, en répartissant la valeur des patrimoines, sur la tête de plusieurs générations, ce qui fait que bien souvent, nos clients ne payent pas l’ISF et on répartit les risques. On passe très souvent les frais de succession à zéro. Il y a plein d’astuces et de produits financiers totalement méconnus. En gros, si je suis un oncle et que je veux transmettre, à ma nièce, un million d’euros, elle sera taxée de 600 000 euros. Si je m’en occupe avant et que j’utilise un produit financier un peu atypique, la tontine, que les français connaissent relativement peu, je vais permettre à l’oncle ou à la nièce d’économiser 540 000 euros. C’est un exemple parmi d’autres d’optimisation potentielle. Mais il y a un tas de techniques et de produits financiers. Les gens s’y sont peu intéressés, car ce n’est pas dans la nature humaine de gagner de l’argent en faisant faire des économies aux autres. Ce constat existe également pour les professionnels. Un CGP va très bien défendre les intérêts de ses clients. Pour ma part, je leur apporte des économies.
Abordez-vous le problème des régimes matrimoniaux ?
Nous avons le cas en ce moment. De nombreux couples achètent sans être mariés. C’est la catastrophe quand le conjoint découvre qu’il va payer 60 % de la moitié de la valeur de son bien, puisqu’il n’est pas marié avec son conjoint. Et la famille recomposée pose de nombreux problèmes.
Pouvez-vous nous décrire précisément votre concept ?
On rentre toutes ces données. On a le montant de ses frais de succession. C’est gratuit. Avant, une banque privée faisait payer cette analyse 2 500 euros. Ensuite, on achète une recommandation digitale à 99 euros, qui va permettre d’obtenir toutes les solutions pour réduire le risque lié aux frais de succession. La recommandation contient des souscriptions à des produits qui sont adaptés. C’est la société qui propose tous les produits financiers. On vise toujours l’économie pour nos clients. Mais le client peut acheter le produit ailleurs. De plus, on est en train d’élaborer une assurance liée aux frais de succession pour gérer ce risque. La part de confiance étant tellement forte avec nos clients, on fait le pari qu’ils souscrivent avec nous. Une fois que la confiance est acquise, notamment lors des appels téléphoniques, le client prend alors le choix de souscrire chez nous ou non. C’est une relation à distance.
Comment les notaires perçoivent-ils votre concept ?
De mieux en mieux. Ils nous détestaient au départ. Ils nous apprécient désormais. De jeunes notaires nous rejoignent, car ils apprécient la bienveillance financière qu’on accorde à nos clients. Ils ont conseillé les clients depuis de nombreuses années, mais ils ne sont pas très bons pour valoriser leur part de conseil, qui ne représente que 7% de leurs honoraires. Ce n’est pas dans leur gêne. De jeunes notaires nous rejoignent, ce qui va nous permettre d’accompagner nos clients sur la recommandation et sur tous les démembrements de propriété.
Y a-t-il un âge limite pour s’y intéresser ?
Non. Il faut s’y intéresser tant qu’on est en vie. Le drame est de ne pas s’y intéresser. Notre plus jeune client a 31 ans, le plus âgé a 76 ans. L’âge idéal est de s’en occuper vers 50 ans. Beaucoup de jeunes sont obligés de souscrire un prêt pour payer les frais de succession de leurs parents. Je suis étonné que ça ne soit pas plus médiatisé.
Qu’attendez-vous du quinquennat ?
Je pense que le Président donne un bon gros coup de pouce et insuffle des choses positives. Il a monté son mouvement comme une start-up. J’espère juste qu’il ne va pas décevoir. Au niveau des successions, il ne va toucher à rien, donc pas de révolution. Malheureusement, car il y a de vrais problèmes chez les seniors. À 59 ans, en France, on hérite de 200 milliards d’euros. Ça veut dire qu’on encaisse l’héritage de ses parents à 59 ans et donc on ne réinjecte pas l’héritage dans de l’économie productive. On l’empile sur son propre patrimoine. Du coup, les seniors qui ont déjà un patrimoine conséquent, plus leur patrimoine, se mettent à régler des frais de succession. Ils se demandent comment vont faire leurs enfants pour payer ces frais de succession, sauf qu’ils ont déjà empilé deux patrimoines. Ils sont alors à la retraite avec des revenus divisés par deux. Ils n’ont alors plus les moyens, ni d’entretenir, ni de transmettre leur gros patrimoine. On a énormément de clients fragilisés par leur patrimoine, par rapport à leurs revenus. C’est un vrai gros souci.
On aborde rarement le problème, car ça parait ubuesque.
Oui, effectivement, mais c’est un réel problème. L’État français travaille sur le sujet et se pose la question de qui doit prendre en charge une personne en état de dépendance, qui a un gros patrimoine. Est-ce nous qui payons sa maison de retraite, alors qu’il a un patrimoine de 2,5 millions d’euros ? Un autre ratio spectaculaire, qui est donné par André Masson, économiste. Quand on prend le ratio des revenus des seniors versus leur patrimoine, on est exactement dans la même situation économique qu’en 1914, c’est-à-dire que les gens avaient des patrimoines énormes, mais pas de revenus. Je pense qu’il va y avoir des bouleversements économiques, qui risquent d’être assez violents dans les années qui viennent.
Existe-t-il des concurrences fiscales selon les pays ?
Oui, il y a des trucs super malins à faire, avec une nouvelle loi européenne, qui dit qu’on est soumis à la loi sur les successions dans le pays où l’on meurt, lorsque nous sommes multirésidents. Ça permet de l’optimisation fiscale, car certains pays sont plus attractifs que d’autres. La loi est récente, environ un an. Et ça fait se poser plein de questions à tout le monde. Personne ne traite réellement de cette question, car se posent des problèmes pratiques entre les pays. Donc c’est compliqué et pas vraiment opérationnel encore.
Combien de personnes composent la société ?
Nous sommes une dizaine, dont 3 ou 4 ingénieurs patrimoniaux, qui s’occupent des dossiers complexes, notamment dans le cadre de patrimoines de plusieurs pays.
WordPress:
J'aime chargement…